M. SWIETON Michel,
Directeur régional
Pôle emploi Guadeloupe
Objet : Votre courriel daté du 17 août 2011
(Faisant suite aux intempéries du 16.08.11)
Monsieur le directeur,
Mardi 16 août 2011, des agents du site PEI de Morne-A-L’eau apprennent tout à fait inopinément le passage imminent en vigilance orange de la Guadeloupe. Faute d’information, ils consultent le site internet de Météo Guadeloupe (http://meteo.gp/) et obtiennent confirmation du renforcement du niveau de vigilance (à 12H32) en raison - notamment - des risques de crues et d’inondations liés aux intempéries.
Renseignements pris auprès d’autres agents présents ce jour, aucune information n’a été transmise par la direction sur la conduite à tenir ; sachant que l’agence de Morne-A-L’eau (PEI, PEP et Port-Louis) est située dans une zone à fort risque d’inondation ; ce que la direction régionale n’est pas censée ignorer.
A l’heure de la fermeture (méridienne pour 1 ou 2, journalière pour l’immense majorité), la plupart des agents ayant à traverser le bourg de Morne-A-L’eau ont alors rencontré des difficultés du fait de la rapide montée des eaux et de l’inondation en deux points du carrefour de la Rue du Cimetière. Les chimen chyen étant par ailleurs tout aussi impraticables (Chazeau, Bosrédon…). Ceux prenant la direction du Moule, n’étant guère mieux lotis, car ayant à traverser la zone de Lacroix.
Ailleurs aussi, les interrogations ou les inquiétudes des agents sur les conditions dans lesquelles ils pourraient regagner leur domicile étaient exprimées et, parfois, relayées par une partie de la hiérarchie. Notamment du côté de Sainte Rose, des Abymes, de Pointe à pitre et de Capesterre Belle Eau…
Inquiétudes, cette fois-ci encore, largement fondées : voir l’article du quotidien régional, joint en annexe.
Mercredi 17 août 2011, des agents recevaient pourtant ce mail singulièrement indigne, signé de vous, Michel SWIETON ; relayé à 09H13 par Chantal VERON, pour une fois bien inspirée ; et originellement adressé uniquement aux DAPE et aux adjoints, d’une part et aux chefs et responsables de service, d’autre part.
De : SWIETON Michel (DRA GUADELOUPE) Envoyé : mercredi 17 août 2011 07:59 Objet : Météo - ouverture des agences Importance : Haute Bonjour, Compte-tenu des dernières informations météos que nous a transmises la préfecture : - nous assistons à un retour progressif à la normale avec un passage prévu en vigilance jaune dans la matinée et vert cet après-midi - par ailleurs, les difficultés de circulation sont levées et toutes les routes sont praticables Dès lors, les agences peuvent être ouvertes normalement et accueillir du public. Merci de faire remonter les éventuels problèmes d’effectif au service RH et les problèmes techniques aux services logistique et informatique. Bien cordialement. Michel Swieton. |
Ce message adressé sans état d’âme le 17 août – a 8tèd maten ! - par un avatar de Directeur Régional dépourvu de la moindre vergogne (puisque muet la veille au plus fort des intempéries, puisque nous sommes encore en vigilance orange, puisque toutes les agences sont déjà ouvertes sans la moindre information de la D.R. …)… appelle de notre part plusieurs observations :
- Il constitue d’abord la preuve que vous étiez bien informé du passage en vigilance orange ! Autrement dit, vous aviez une parfaite connaissance du caractère anormal de la situation météorologique, des difficultés (de circulation pour regagner le domicile) et des risques inhérents.
- Il est la preuve, ensuite, que le directeur régional et le président du CHSCT de Pôle emploi Guadeloupe reçoivent bien les messages d’alerte et de vigilance de la préfecture. Mais que l’un comme l’autre préfèrent s’asseoir dessus ; ne pas communiquer les informations nécessaires aux agents, pas plus qu’aux représentants du personnel en CHSCT ; et n’en tirer aucune conséquence.
3. Il est enfin une nouvelle preuve du mépris qui vous anime : les agents de Guadeloupe n’étant appréhendés qu’au travers des « problèmes » qu’ils sont censés poser en termes d’effectifs. Ainsi, dès 08H30, et alors même que la Guadeloupe était encore en vigilance orange, il est demandé aux différents responsables de faire une remontée au service… RH. Cette préoccupation - basse et précipitée - n’a donc rien à voir avec l’Opérationnel et la délivrance de service aux usagers…
Une telle initiative, venant d’un D.R. absentéiste et ne voyageant que les week-ends pour bénéficier des deux (2) jours de récupération prévus par l’accord de 2007… pourrait prêter à sourire. Sauf que :
1. En janvier dernier, plusieurs collègues avaient déjà eu les pires difficultés à rejoindre leur domicile ; chose dont le président du CHSCT, DORSAN Eric, est chaque fois informé. En vain...
2. En janvier dernier, 5 guadeloupéens n’ont hélas pas eu cette mauvaise chance qui aura récemment épargné la vie du préfet J. FABRE, dont les services avaient failli. Las. C’est pourtant le même choix irresponsable, foutépanmal é kriminel que vous épousez ; en tablant sur le fait que les agents parviendront bien à se démewdé pour regagner leur domicile…
3. Lundi 1er août, c’est à ce même petit jeu - pari douteux et risqué sur la sécurité des agents - que s’était livré DORSAN Eric : il aura ainsi fallu attendre - malgré l’intervention de L’UGTG et de plusieurs agents et membres de l’encadrement - le milieu d’après-midi et le signal du Gwan papa blan de la préfecture pour qu’il daigne enfin communiquer et informer sur la position de l’établissement. Et finisse - alantou 3zèd laprémidi - par adresser, aux seuls DAPE, un message tortueux « autori[sant] la fermeture (…) à 16H00 ». Mais sans expressément autoriser le départ des agents à ladite heure.
Ces silences et messages interrogent à nouveau sur le rôle et les missions de la RRSCTSTRM…, un poste (et non un intitulé à rallonge) présenté, soutenu et arraché à la D.G. par L’UGTG en 2007 en raison des risques naturels pesant sur l’archipel… Et dont l’unique activité en 2011, s’agissant de ces intempéries répétées, aura été l’envoi d’un mail matinal (23.6.11) intitulé sans rire « JAKARI », adressé aux seuls DAPE, et les invitant tout aussi sérieusement à retourner par mail et SMS le mot de code « AHAK »… Tousa, dans le cadre d’un exercice d’alerte cyclonique duquel agents et représentants du personnel étaient soigneusement écartés…
Tèt annou pa rèd, et nous entendons ainsi prendre date. Car, tout comme le président du CHSCT, vous nous prouvez n’avoir aussi strictement rien à foutre de la sécurité des agents de Guadeloupe.
Men antouléka, Nou, UGTG, Nou avèti zòt ; é kondi pawol la : Lagè avèti pa jan tchwé vyé blan…
Pour L'UGTG,
Tony DAGNET
Copie à:
M. DORSAN Eric, directeur régional adjoint & président du CHSCT,
Mme LUBINO BISSAINTE Myriam, responsable régionale sécurité & conditions de travail santé au travail et risques majeurs
M.A. France-Antilles Guadeloupe 17.08.2011
(Sylvère SELBONNE)
Il est tombé des millions de litres d'eau sur la Guadeloupe hier. Plusieurs quartiers ont été inondés. L'alerte orange est en vigueur encore ce matin.
Deux jours de pluie ininterrompue, ou presque. L'onde tropicale n° 27 et les orages qu'elle génère ont provoqué leur lot de perturbations, hier, sans que rien de véritablement dramatique ne soit à déplorer. Au programme, des kilomètres de bouchon liés à des portions de route inondées et des montées d'eau sérieuses dans les zones habituelles.
C'est à 13 heures hier que Météo France a pris la décision de passer du stade d'alerte jaune à celui d'alerte orange pour fortes pluies et orages. À ce moment, il était déjà tombé, en 24 heures, un minimum de 50 mm d'eau (50 litres par m2) sur Marie-Galante, 80 à 120 sur la Grande-Terre , avec des pointes à 150 mm sur le relief de la Basse-Terre. Les sols saturés n'absorbaient plus rien et l'on craignait des débordements de ravines et rivières.
La circulation était très délicate par endroits, notamment sur la rocade, entre le pont de la Gabarre et Petit-Bourg : en début d'après-midi, il fallait compter une heure pour effectuer ces quelques malheureux kilomètres, alors pourtant qu'une bonne partie des automobilistes optait pour des chemins de traverse. On signalait des difficultés à Arnouville, à Petit-Bourg, à Morne-à-l'Eau et aux Abymes, sur la route de la riviera, en direction de Goyave, à Carénage, entre Sainte-Rose et Lamentin. C'est du côté de Morne-à-l'Eau et du Moule que la situation était la plus gênante, avec des routes inondées et impraticables du côté de Pavé, Bellevue, Chazeau, Bosrédon. Les moteurs noyés des automobilistes ayant présumé de la hauteur de leur chassis se comptaient déjà par dizaines. Et les pompiers (lire ci-contre) ne chômaient pas.
Une autre onde en approche
C'est à cette même période, le début d'après-midi, que la situation s'est corsée à La Boucan. La grande rivière a atteint sa cote d'alerte, inondant plusieurs secteurs alentours. On craignait une éventuelle fermeture du pont, qui aurait rendu la situation ingérable pour les résidents de Sainte-Rose. Parce que, dès 13 heures, Routes de Guadeloupe avait annoncé la fermeture de la route de la Traversée à partir de 18 heures. « Il y a des pans entiers de falaise qui sont très instables, remarquait Sully Pandolf (Routes de Guadeloupe).
Le risque d'éboulement est vraiment important. » À 18 heures pourtant, la situation était, certes, gênante, mais rien d'insurmontable ne se profilait.
L'alerte orange court normalement jusqu'à la fin d'après-midi d'aujourd'hui. Le risque est qualifié de « fort » et l'impact « important » .
À noter qu'on aura que peu de répit : à moyen terme, Météo France surveille une masse imposante de nuages en sortie d'Afrique, qui a tendance à se confondre actuellement avec la ZCIT (lire ci-dessus). « Nous avons, c'est vrai, une petite inquiétude vis-à-vis de cette onde, mais pas parce que la ZCIT remonte vers elle, confiait hier Norbert Aouizérats, chef du centre de prévision du Raizet. Ces deux éléments ne sont pas liés. Cette période de l'année est une période de remontée de la ZCIT , et ce phénomène n'a pas d'effet particulier sur l'onde. » L'onde présente néanmoins un certain potentiel d'organisation. Si elle évoluait - « Il est beaucoup trop tôt pour le savoir... » - elle pourrait nous intéresser le week-end prochain, éventuellement sous forme de dépression.
Beaucoup ont présumé de la hauteur de leur chassis. Les moteurs noyés se comptent par dizaines, et les pompiers ont dû intervenir pour secourir des automobilistes bloqués.
(Sylvère SELBONNE).
